La Compagnie Suzanne M. Éric Vigner
Un théâtre de recherche
Créée en 1990 par ÉRIC VIGNER, la compagnie, du nom de sa grand mère maternelle, recherche un théâtre "libre, loin des tours et des détours idéologiques".
ÉRIC VIGNER recherche ce que Jouvet nommait "le sentiment", ce que Vitez appelait "la conscience des idées transcendantes" ou encore "l'action intérieure" de Stanislavski. Il refuse le spectaculaire pour laisser la première place au texte et à l'acteur, il ne souhaite pas un théâtre de triomphe ou de gloire mais un théâtre poétique et indéfinissable, un théâtre de recherche (dans le sens de PETER Brook à propos de L'homme qui.)
La Compagnie Suzanne M. ÉRIC VIGNER conçoit comme utopique ce théâtre libre et essaie simplement de faire du théâtre, un art accessible à toutes les personnes sachant rêver. Trois axes fondent l'originalité de cette compagnie :
- l'écriture contemporaine
- l'acteur
- les lieux
Chacun de ces axes demande une recherche spécifique de la part d'ÉRIC VIGNER, une approche profonde pour faire de son théâtre une aventure magique.
À propos de l'écriture contemporaine, ÉRIC VIGNER reprend l'expression de Vitez "faire du théâtre de tout". Depuis la création de la compagnie, ce sont essentiellement des auteurs contemporains qu'ÉRIC VIGNER nous fait connaître ou reconnaître. Hasard et nécessité, mais surtout " l'écriture contemporaine est particulière et énigmatique", c'est pourquoi, ÉRIC VIGNER s'intéresse de plus près à des auteurs comme Dubillard, Duras, Genet, Harms, Courteline, Céline et Pirandello. Tous ces auteurs ont comme point commun de mettre en jeu poétiquement des grands thèmes tels que l'amour, la mort ou Dieu, "des thèmes fondamentaux, liés à l'existence humaine."
Dans l'atelier théâtral de la compagnie, l'acteur apprend à vivre, à côtoyer l'autre, à l'écouter et à le respecter. C'est un travail philosophique et porté sur la personnalité de l'acteur. "Rien n'est définitif, et tout spectacle n'est qu'une étape vers le théâtre idéal". Chacun a sa propre vérité et c'est dans celle-ci que le personnage doit se construire et exister. ÉRIC VIGNER se souvient d'une phrase de Louis Jouvet dans laquelle il disait: "Être acteur demande une expérience de la vie et des choses, c'est pour cela que vous êtes ici." À la compagnie, l'acteur est choisi non pas pour ses qualités d'acteur, mais par ce qu'il est véritablement et le rapport qu'il entretient avec Sa vérité.
ÉRIC VIGNER, toujours à la recherche du plus vrai et du plus profond, fit chercher ce qui se trouve entre ses deux pas dont parlait Peter HanDke : "Je marche dans la rue, et soudain entre deux pas, j'ai perdu le sens".
Depuis la création de La maison d'Os, la question des lieux est au centre du travail d'ÉRIC VIGNER. Le théâtre, à l'inverse du cinéma est une aventure humaine, en direct avec des gens de chair et d'os sur scène et dans la salle. Il ne faut plus, selon ÉRIC VIGNER, de quatrième mur, de séparation entre la salle et la scène, mais une entente commune, un lieu où le spectateur ne serait plus face à l'œuvre, mais deviendrait partie intégrante de l'œuvre.
ÉRIC VIGNER ne choisit jamais des lieux conventionnels et ce n'est qu'avec La pluie d'été qu'il est confronté pour la première fois à une scène à l'italienne. Pour la Maison d'os, la première création était dans une ancienne usine désaffectée où l'atmosphère de Dubillard ressortait parfaitement. Lors de la seconde création, cette fois l'action se déroulait dans un espace souterrain et "labyrinthique", "où le temps n'avait pas eu le temps de s'inscrire".
Les lieux, pour ÉRIC VIGNER sont les premiers acteurs du spectacle, de par leur nature, leur origine et leur histoire. Ils sont, à eux seuls, un acteur autour duquel s'articule d'autres acteurs tout aussi mystérieux et vrais, et ainsi, tout le jeu crée une relation commune.