La Provence · 14 janvier 2004 · SAVANNAH BAY (Comédie-Française)

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La Provence

14 janvier 2004 · Marie-Laure Raffaelli

DURAS au Jeu de Paume

SAVANNAH BAY apporte à partir de ce soir au théâtre du Jeu de Paume, la musique énigmatique de Marguerite Duras. L'auteur de L'amant, (Goncourt 1984), n'a cessé de jouer, tout au long de son parcours littéraire, d'une simplicité si radicale, qu'elle en est devenue obscure pour beaucoup. Deux sociétaires de la Comédie Française, Catherine Samie et Catherine Hiegel, seront les interprètes lumineuses de SAVANNAH BAY.

Cette pièce, qu'elles jouent ensemble pour la deuxième saison, évoque, comme toujours dans son oeuvre,"L'amour, la douleur, la mort, et la mémoire", explique Catherine Hiegel. Difficile, l'oeuvre de DURAS ? "Il y a une réputation autour d'elle", confie la comédienne. Ce qui frappe, et ce qui fait peur au départ, quand on plonge dans l'oeuvre théâtrale ou romanesque de Duras, c'est la simplicité qui s'en dégage. Sous cette façade, vit le non-dit. "Il y a un rythme du secret", souligne l'actrice. "Le silence est très important. Il faut le nourrir. C'est un travail douloureux... Chez DURAS, ajoute-telle, il y a les mots et les silences"...

"Partir d'une mémoire blanche"

Éric Vigner, le metteur en scène, est devenu un ami proche de l'auteur, après avoir monté sa pièce La pluie d'été en 1993. "Il a abordé le travail sur SAVANNAH BAY en douceur", se souvient Catherine Hiegel. "On s'est d'abord réunis comme des amis de longue date autour de ce texte. SAVANNAH BAY est une pièce de femme, écrite par une femme qui a aimé manger, boire, cuisiner, qui a aimé les enfants - elle en a perdu un -". Une particularité de l'oeuvre de DURAS, poursuit la sociétaire, est que l'on n'a pas d'appui. Quand on entre en scène, on doit tout oublier. Il faut essayer de partir d'une mémoire blanche. C'est très difficile. Le chemin est étroit"...

SAVANNAH BAY est entrée au répertoire du Français : "Marcel Bozonnet, comme Jacques Lassalle, ou Vitez avant eux, invite de nouveau l'oeuvre contemporaine à la Comédie française. Catherine Hiegel s'en réjouit et ajoute : "On ne peut pas bien relire les classiques si on n'est pas en lien perpétuel avec la culture contemporaine".

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