Le Télégramme · 19 octobre 2001 · LA BÊTE DANS LA JUNGLE

Le Télégramme · 19 octobre 2001 · LA BÊTE DANS LA JUNGLE
La recherche du "spectacle total".
Presse régionale
Critique
Olivier Scaglia
19 Oct 2001
Le Télégramme
Langue: Français
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Le Télégramme 

19 octobre 2001 · Olivier Scaglia

La Bête dans la Jungle est belle à voir

Deux acteurs à la hauteur d'une mise en scène intelligente, qui,en plus de faire le spectacle, met un texte dense et profond en lumière : la saison démarre joliment au CDDB avec La Bête dans la Jungle.

Si jamais ÉRIC VIGNER avait voulu marquer les esprits, avant que ne se termine son dernier mandat à la tête du CDDB, on aurait pu dire qu'il a réussi son coup. Mais en créant LA BÊTE DANS LA JUNGLE, le metteur en scène s'est visiblement fait plaisir, tout en veillant attentivement au nôtre.

Un air d'opéra

ÉRIC VIGNER l'avait clairement annoncé, tout en gardant farouchement le secret de la scène, dans la pénombre de son théâtre jusqu'au bout : la recherche du "spectacle total". Le patron du CDDB a rouvert le grimoire de l'opéra ciselé à Lausanne, pour y retrouver les ingrédients fondamentaux d'une mise en scène "omni-dimensionnelle". Environnement sonore, éclairage, organisation et invention de l'espace : tout est ici travaillé au maximum de ce qu'autorise l'équilibre de l'ensemble. Avec cet air d'opéra LA BÊTE DANS LA JUNGLE, est belle à voir.

Amour

Le texte de cette adaptation française écrite par Marguerite Duras est dense. Pas complexe, mais profond. Parce qu'en traitant de cette problématique universelle qu'est l'Amour, Henry James, Duras puis VIGNER s'adressent à chacun de nous, interpellent les passés : difficile d'échapper à la "machine à penser" qui se met en route dans une autre dimension que celle du "seul" spectacle. C'est tant mieux, d'autant qu'ÉRIC VIGNER se garde évidemment bien de livrer des réponses.

Complémentaires

L'adaptation française du texte est brillamment servie par Jean-Damien Barbin et Jutta Johanna Weiss, dont on mesure vite la  complémentarité sur les planches. ÉRIC VIGNER montre que la réussite tient aussi dans la capacité à sentir les acteurs et à valoriser leur jeu respectif. 1+1 = 3 et la boucle est bouclée.