Ouest France
08 février 1996 · Xavier ORIOT
Une Illusion comique moderne
Écrite la même année que le Cid, l'Illusion comique n'a jamais atteint une notoriété comparable dans l'oeuvre de Corneille. C'est l'un des mérites d'Éric Vigner d'adapter cette pièce difficile et longue : cinq actes en près de deux heures et demie. Ce jeune Rennais de 30 ans, à la tête du centre dramatique de Lorient apporte à ce grand classique modernité et créativité en optant pour une mise en scène très dépouillée. Les vitres en enfilade est une jolie trouvaille. Entre transparences et reflets on voit s'y mirer les comédiens dans leurs costumes en noir et blanc.
À chaque mouvement se dégage une perspective d'où ressortent fluidité et légèreté. Dans une fosse centrale se devine le quatuor à cordes Matheus pour un accompagnement musical discret. Un carillon léger rythme le bon ordonnancement des scènes.
L'intrigue est bien tenue de bout en bout. L'Illusion est une comédie, le miroir grossissant des hommes : la rivalité née de l'amour pour la même femme, la lâcheté, la vanité...
Guy Parigot dans le rôle de Pridamant observe de l'extérieur sans jamais intervenir les tribulations et les amours de ce fils disparu et incompris. Guy Parigot fait figure de sage au milieu d'une troupe très jeune. Cécile Garcia-Fogel est séduisante dans le rôle d'Isabelle. Matamore en fait beaucoup dans l'extravagance et la couardise. Le spectacle cède quelques fois à la monotonie mais reste une réussite à préscrire au jeune public pour une bonne initiation à Corneille.