Pariscope
28 octobre 2009 · Dimitri Denorme
Seule la mort semble définitivement pouvoir ramener Simon à la maison maternelle.
En 2007, dans « Jusqu'à ce que la mort nous sépare », il perdait sa grand-mère. Cette fois, c'est sa propre mère, Madeleine, qu'il est venu enterrer. Mais ce n'est pas le fantôme de sa génitrice qu'il va devoir combattre. Ce qui attend Simon est encore plus redoutable. Le jeune homme va devoir lutter au corps à corps avec cinq figures féminines singulières et débridées.
Au coeur de la pièce, on retrouve la notion de désir, de sa violence surtout... Réalités, fantasmes, aspirations et peurs : tout se confond. Dans Sextett Rémi De Vos assume encore plus librement l'univers déjanté et totalement surréaliste dans lequel il aime placer ses personnages. Ici, la carte de l'absurde est abattue avec tact. Et le comique de répétition fait merveille.
En metteur en scène complice, Eric Vigner a particulièrement soigné sa direction d'acteurs. Le ton qu'il a choisi de faire adopter à ses comédiens établit une nécessaire distance avec le monde réel. Le décalage ainsi distillé avec précision et élégance dynamise le propos et intègre judicieusement les passages musicaux.
Ce second opus sur les tribulations de Simon a été spécifiquement écrit pour Micha Lescot. Costume étriqué, nonchalance affichée et revendiquée, le comédien est une fois encore épatant. Chaussures noires vernies aux pieds, il danse, glisse et virevolte plus qu'il ne marche. Et c'est tout naturellement qu'il nous séduit avec cet étrange et hypnotisant ballet. La performance d'acteur est simplement remarquable, le virtuose parvenant même à nous faire oublier la faiblesse du texte sur la fin. A ses côtés, Anne-Marie Cadieux, Marie-France Lambert, Maria de Medeiros, Johanna Nizard et Jutta Johanna Weiss défendent chacune avec talent leur partition.