LE MALADE IMAGINAIRE OU LE SILENCE DE MOLIÈRE
Présentation
"Mon histoire commence en un lieu où il n'y a plus d'homme, plus de langage, plus de nom. En m'apprenant à compter avec les chiffres du numéro tatoué sur son avant-bras, mon grand-père m'a inoculé Auschwitz. J'ai connu les chiffres avant les lettres. Ces chiffres indélébiles étaient son nom. Derrière les lettres de mon nom, il y a l'histoire des souffrances de ma famille, et celles de millions de gens. Pendant des années, parfois toute leur vie, les survivants n'ont rien dit. Quand mon grand-père me parlait, j'essayais de comprendre ses phrases faites de mots étrangers, des bribes d'une autre langue, perdue, bientôt oubliée. Une langue d'avant l'horreur et qui ne se reconstituera jamais vraiment. Alors, la plupart du temps, il se taisait. Mon père, lui, me racontait l'histoire que son père n'avait jamais pu lui raconter, et qu'il avait apprise par d'autres. C'est me raconter cette histoire qui fait de lui un père. C'est la dire et ne jamais oublier qui ferait de moi un homme. Alors je deviendrais père à mon tour. Et si je disais: "Pardonnez moi, mais je ne peux pas"... Si je ne voulais pas être un bon fils... Si je voulais que rien ne reste après moi et que tout meure... "J'ai voulu arrêter tout cela" crie Esprit-Madeleine Poquelin. "Ah, il n'y a plus d'enfants... En vérité, je n'en puis plus", murmure Molière. LE SILENCE, c'est l'histoire d'une fille qui a dit "non" au théâtre, "non" à sa famille, "non" à son père, "non" à son nom. LE MALADE IMAGINAIRE, c'est l'histoire d'un homme qui meurt au théâtre, en rêvant que sa famille lui pardonne d'être né POQUELIN et de mourir MOLIÈRE... "Ah, Dieu...Ils me laisseront ici mourir!" (Acte I, scène1)"
ARTHUR NAUZYCIEL, novembre 1997
Extrait du parcours
Générique & production
Œuvre originale
traduction de l'italien : Jean-Paul Manganaro, Camille Dumoulié
Édition : Desjonquères 1989
Giovanni Macchia (1912-2001) est un écrivain et critique littéraire italien qui enseigna longtemps la littérature française en Italie.