A LITTLE MORE BLUE
Présentation
Un projet de MARIA DE MEDEIROS avec la complicité artistique d'ARTHUR NAUZYCIEL
"A LITTLE MORE BLUE, légèrement plus "bleu", plus mélancolique, un peu à côté de la célébration festive d'une culture pleine de couleurs et de contrastes - le titre d'une des chansons composées en exil par CAETANO VELOSO correspond sans doute à l'esprit de ce voyage au sein d'un répertoire intime et fondateur. Je fais partie d'une génération de Portugais qui non seulement a été bercée par la musique brésilienne, mais véritablement formée par des artistes tels que CHICO BUARQUE, CAETANO VELOSO, MILTON NASCIMENTO, GILBERTO GIL. Quand mes amis et moi étions adolescents à Lisbonne, c'était encore la révolution. Les artistes brésiliens ont fêté la période de joie et de liberté que l'on vivait au Portugal, et de notre côté, nous écoutions passionnément leurs chansons, mais pas seulement comme l'on danse sur des rythmes époustouflants ou fredonne des mélodies d'une douceur hypnotique. Parce que nous avions le privilège de partager leur langue, nous savions que CHICO BUARQUE ou CAETANO VELOSO ne sont pas uniquement des musiciens, mais aussi de grands poètes, des penseurs, des résistants. Ils étaient pour nous de véritables "maîtres à penser". Écouter leur musique était une manière d'être et de voir le monde. Mais alors que nous vivions en liberté, ils étaient en pleine dictature. Ils ont été censurés, poursuivis, exilés. Leurs textes, très engagés, étaient des messages codés que nous savions déchiffrer, des missives remplies d'espoir, d'intelligence et de courage. C'est le cas de très nombreuses chansons de CHICO BUARQUE, admirables de génie poétique et d'esprit de résistance. Contemporains des BEATLES et des ROLLING STONES, il y avait chez les jeunes musiciens du courant "tropicaliste" un formidable sens de la provocation et de la recherche. Leurs chansons étaient anticonformistes, sexy, débridées. Un artiste comme CAETANO VELOSO n'a jamais cessé d'explorer de nouvelles formes, aussi bien musicales que poétiques. On peut dire qu'il a tout essayé. Son oeuvre est le reflet d'une pensée qui allie une perpétuelle curiosité, une audace constante et une sagesse à la fois inquiète et sensuelle. En marge des plumes et des paillettes, des rythmes du Carnaval et des standards universellement connus de la Samba et de la Bossa Nova, c'est à ces chansons pleines de sens et aussi parfois du plus joyeux des "non-sens", ces poèmes qui ont "guidé mes pas" d'adolescente, qui m'ont appris à regarder le monde avec un esprit critique, avec sensualité, gravité et humour que je voudrais rendre hommage.
Un hommage "bleu", nuancé par la distance qui nous sépare des années révolutionnaires, teinté de la « saudade » de ma culture portugaise, de ma perception d'interprète qui a reçu la langue maternelle en partage mais qui forcément se situe dans une perspective différente, décalée sans doute aussi parce que je suis moi-même expatriée. Je m'aperçois qu'aucun des participants à cette aventure n'est brésilien et qu'artistiquement, nous gravitons tous sur des tropiques assez éloignés de ce répertoire musical. Nous nous sommes appropriés ce répertoire avec jubilation et le sentiment d'une grande liberté expressive, preuve sans doute que ces compositions brésiliennes sont également patrimoine mondial."
MARIA DE MEDEIROS, 25 juillet 2006
"À sa demande, je vais accompagner MARIA dans cette exploration très personnelle de son histoire. Interlocuteur, regard extérieur, c'est en fait la continuité d'un dialogue, d'une amitié qui a presque 20 ans. Je me rappelle d'ailleurs son premier voyage au Brésil, lors d'une tournée d'ELVIRE JOUVET 40. Il y avait aussi ÉRIC VIGNER dans ce spectacle. Je me rappelle les histoires qu'ils m'ont racontées à leur retour, les photos ; tout ça me faisait rêver. C'est donc assez naturellement que j'ai accepté de répondre à cette invitation et que nous avons choisi de créer ce spectacle au CDDB-Théâtre de Lorient. Mais au-delà de l'amitié et du goût du voyage, il y a au centre de ce projet une idée importante à défendre aujourd'hui: le politique peut être poétique, la résistance sensuelle et le populaire exigeant."
ARTHUR NAUZYCIEL