DÉBRAYAGE · 1996
Du quotidien à la scène
On le dit, on le lit, on le voit partout, à la télévision, dans les journaux, au cinéma, dans la rue, à nos portes : nous vivons des temps difficiles. Chaque époque a sans doute ses difficultés, chaque individu a certainement son mal de vivre, d'où qu'il vienne. Mais aujourd'hui, la misère augmente et pas seulement dans les villes ; nous sommes quotidiennement confrontés à l'isolement, l'exclusion, l'insupportable. C'est terrible... Pourtant on rit, on fait beaucoup d'efforts, on dépense de l'énergie, on aménage, on recycle, on consomme. Un temps pour tout, pour le chômage, le travail, les études, les vacances et parfois... débrayage.
La pièce situe ses personnages exactement dans ces intermèdes, ces périodes entre deux eaux, pas forcément calculées ni volontaires, ces moments indéfinis où l'on "sort de ses gonds", où l'on se met, pour un temps, sur la touche. Avec DÉBRAYAGE, il ne s'agit pas de montrer la misère ou la détresse psychologique de nos contemporains, mais en partant de situations dans lesquelles il nous est facile de reconnaître notre quotidien, de glisser dans un entre-deux-mondes où la réalité transparaît, distanciée par l'humour, la férocité, la critique. Pas de leçons, non plus, dans DÉBRAYAGE, pas de solution, pas d'histoire qui sauve, pas de fin en soi. Plutôt des images, des tableaux, des paroles, des ouvertures...
"Ce que je voudrais montrer, c'est que la violence qui s'exerce contre l'homme dans notre société a atteint les limites du supportable. Que les méthodes de contrôle des individus sont devenues tellement subtiles qu'on ne sait plus vers qui ou quoi se tourner pour trouver un semblant de réponse à nos questions, et que nous sommes maintenant malheureux sans savoir pourquoi. La violence, je la situe principalement dans le monde du travail, de l'entreprise, du bureau, de l'agence... Car c'est là où elle se manifeste avec le plus d'éclat, là où elle s'avoue à elle-même avec le plus d'évidence. C'est par le travail que l'on contrôle les gens. En effet, dans une société dominée par l'argent, où la frontière est clairement définie selon qu'on a du travail ou pas, la peur du chômage et de l'exclusion pousse les hommes à des comportements limites. J'écris sur des personnages vivant des vies ordinaires confrontés à une violence morne et aveugle qui les broie: des employés, des secrétaires, des cadres... Les personnages sont des archétypes urbains. Il suffit de prendre le métro pour les apercevoir. C'est une comédie. Ça fait rire. Ça doit. Pourtant le sujet est terrible. Ça fait rire quand même. Ça peut."
RÉMI DE VOS
Générique
- Bernabé Sebastian Del Castillo
- Bertrand Maillot
- Éric Forterre
- Francis Benoît
- Isabelle Candelier
- Judith Guittier
- M/M (Paris)
- Nadine Marcovici
- Rémi De Vos
- Simon Fritschi
- Xavier Béja
- Français
- CDDB
- Création
- Crater
- Théâtre
- Théâtre
- CDDB-Théâtre de Lorient · CDN
- Quartiers Libres 95
- OMJF Fontenay-Sous-Bois
- ADAMI · Administration des Droits des Artistes et Musiciens Interprètes
- Aide à l'écriture de la Fondation Beaumarchais
- Faïencerie-Creil