IPHIGÉNIE EN AULIDE
Présentation
IPHIGÉNIE. Mythe grec. Fille d'Agamemnon et de Clytemnestre.
Son père la sacrifia à Artémis afin de fléchir les dieux, qui retenaient par des vents contraires la flotte grecque à Aulis. Suivant une autre tradition, la déesse substitua à Iphigénie une biche et fit de la jeune fille sa prêtresse en Tauride. Cette légende a fourni à Euripide le thème de deux tragédies: Iphigénie à Aulis, Iphigénie en Tauride. C'est de la première que s'est inspiré Racine dans son Iphigénie en Aulide.
LE PETIT LAROUSSE ILLUSTRÉ, 1991
"(...) L'écriture de RACINE reste pour moi un matériau contemporain, présent à ma vie comme chose nouvelle, et que je veux travailler selon ce que nous sommes aujourd'hui. Il ne peut s'agir en aucun cas de reconstituer une idée de ce qu'aurait été ce théâtre au XVIIème siècle. Bien sûr l'alexandrin s'inscrit très profondément dans la syntaxe et le rythme. Mais il s'agit peut-être, guidés par une nouvelle attention portée à la ponctuation, de trouver comment en faire écho sans que la vie spontanée de l'écriture ne lui cède le pas (...).
IPHIGÉNIE est une pièce compliquée, en apparence mal construite, morcelée, mais dont précisément l'un des effets profonds est de nous mêler au plus grand désordre, de nous faire éprouver la perte, l'effacement - par l'exaspération de situations impossibles - de ce qui nous maintient dans l'illusion d'une vie consciente. Le meurtre affleure, mêlé d'une étrange sexualité guerrière, exaltée par le massacre, et chacun des protagonistes connaît le vertige du sang. C'est dans cette tentation du pire, hors psychologie, hors logique, que réside, pour moi, la raison profonde de ce choix. (...) Dans IPHIGÉNIE, tous affichent leur implication dans une existence construite, cohérente, structurée par leurs rapports aux lois et à la morale. Tous ont des raisons de penser et d'agir comme ils le font. Et pourtant les pensées et les actes de chacun sont affectés d'un trouble, d'un doute qui gauchit, incline ce qui devrait être leur trajectoire logique, vers un accomplissement catastrophique (...). Il n'y a pas dans cette tragédie de personnage central, de figure dominante à laquelle identifier l'oeuvre entière. Iphigénie prête son nom et sa vie au mythe; mais son personnage n'est pas plus développé ni plus complexe que les autres. Elle est le point laissé blanc où se croisent les intérêts contradictoires de toute une société guerrière, et le lieu public de toutes les projections (...).
Je ne crois pas nécessaire de traiter tous les rôles de la pièce. Chacune des figures importantes est accompagnée d'une sorte de double qui lui donne la réplique. Ces serviteurs peuvent être incarnés par un seul acteur, dès lors que l'on renonce à jouer exactement les situations. Que chacun dans la solitude de son rêve dialogue avec une ombre commune, se heurtant, se blessant à l'illusion de l'autre. Il y a dans l'égarement général de tous les personnages, dans le désordre qui affecte jusqu'à la structure même de la pièce, quelque chose du SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ.
Avec, à la place centrale du sortilège amoureux, l'obscur désir de mort".
DANIEL JEANNETEAU, décembre 1999
"Va aussi au théâtre pour te souvenir que tu as mangé de l'homme et traversé la Mer Rouge".
VALÈRE NOVARINA
Extrait du parcours
Générique & production
Œuvre originale
Version 1999 de la Pléiade établie par GEORGES FORESTIER, d'après la première édition de 1675, restaurant la ponctuation d'origine.
Générique