BOUGER OU LA NUIT DE L'ENFANT CAILLOU
Présentation
La Nuit de l'enfant caillou est un conte. Comme la plupart des contes, il commence par "Il était une fois ...". Donc, il était une fois une mère et ses trois enfants. Ils vivaient dans une petite maison à l'écart d'une grande ville.
Une nuit, le frère aîné rêve qu'il frappe sa jeune sœur parce que, du moins le croit-il, elle ne veut pas cesser d'être une enfant. Il la frappe comme dieu frappe les hommes dans sa colère. Maintenant, il tient une hache dans sa main, la hache va s'abattre, il va la tuer. La scène pourrait s'appeler " on tue un enfant".
Mais le rêve s'arrête là. La hache reste en l'air, le meurtre reste en suspens. Et c'est le jour. La petite sœur gémit, elle se traîne sur le sol comme un animal blessé. Elle a le visage en sang. On ne sait pas, elle, ce qu'elle a pu rêver cette nuit là mais elle porte une trace douloureuse. La douleur en plein jour d'un enfant qui ne veut pas mourir. La douleur d'un enfant est pour une mère comme un coup de hache en plein cœur, une douleur qu'elle connait. C'est la sienne et elle la porte depuis longtemps. Alors la mère explique ou plutôt raisonne sa douleur, son corps plié, sou- mis aux exigences de la vie parce que c'est comme ça, parce qu'on ne peut pas vivre autrement. Parce que, pour grandir, il faut un jour ou l'autre tuer l'enfance qu'on porte en soi. Et c'est déjà le soir. Le fils cadet rentre de la ville. D'habitude il se débrouille toujours pour trouver à manger. Ce soir-là il revient les mains vides. Ce qu'il a vu ressemble à un cauchemar. Dans les rues, les gens s'entretuent, se coupent en morceaux comme on coupe le bois avec une hache, comme si c'était un travail, une nécessité. Et c'est de nouveau la nuit. Une nuit imaginaire où la mère retrouve son enfance vieillie, celle qu'elle croyait avoir tuée. Une nuit où les enfants grandissent et ne meurent que de façon transitoire. Une nuit qui dure au moins quatre saisons, le temps de tous les passages. Le temps peut-être d'imaginer des jours nouveaux.
MICHEL VITTOZ.
Extrait du parcours
Générique & production
Œuvre originale
CAROLINE MARCADÉ signe ici sa première mise en scène de théâtre. L'écriture, avec MICHEL VITTOZ, est née du travail corporel, et les corps prendront sens aussi, nourris des enjeux dramaturgiques.
Générique
musiques: Les Quatre Saisons d'Antonio Vivaldi