Tristan et Iseult, ou Tristan sans Iseult… Il est étrange de constater que cette histoire d’amour, avec ses deux jeunes amants, est souvent désignée par le nom seul de son héros masculin. Pourtant il n’y a pas de Tristan sans Iseult. On parle de la légende de Tristan, alors que l’histoire est celle d’un couple ; mais ce couple n’existe que dans son impossibilité, ses séparations sur terre, et sa mort. Tristan est bien le héros de cette histoire. C’est lui qui en porte la tragédie, c’est lui dont le nom laisse résonner l’adjectif « triste », comme le rappellent déjà les romanciers du Moyen Âge : sa mère est morte en le mettant au monde, et c’est pour cela qu’il a été nommé Tristan. Sevré de sa mère, séparé d’Iseult qu’il aime (les deux mots, sevrer et séparer, viennent du même terme latin et sont synonymes en ancien français), Tristan est tragiquement déterminé par son nom, son enfance, sa jeunesse. Certes Iseult joue un rôle important, mais c’est Tristan, d’abord, qui incarne la tragédie et la porte en lui, depuis sa naissance. Le Moyen Âge s’en souviendra et inventera un Roman de Tristan en prose, dont le titre passe sous silence Iseult et qui ne s’intéresse que secondairement à la jeune princesse.
Tristan et Iseult, couple tragique
Peut-être notre regard est-il faussé par l’anachronisme, incorrigiblement romantique ? Chrétien de Troyes, l’auteur de génie qui a introduit le Graal en littérature, mentionne parmi ses œuvres un roman de Marc et Iseult, qui ne nous a pas été conservé et qui montre qu’au Moyen Âge le héros n’était pas nécessairement Tristan : la scandaleuse histoire adultère, où un neveu trompe son oncle et son seigneur, pouvait être lue sous l’angle du mariage, à la promotion duquel travaillèrent les XIIe et XIIIe siècle. Chrétien de Troyes chercha à concilier le mariage avec la fin amor, l’amour parfait des poètes lyriques. Pour lui, le héros n’était semble-t-il pas Tristan, mais Marc, l’époux. Il est peut-être heureux que nous ayons perdu le roman que l’inventeur du Graal a composé sur les amants de Cornouailles…
La légende d’amour et de mort que nous connaissons tous plonge ses racines profondément dans le Moyen Âge. Si le premier témoignage littéraire, le Roman de Tristan de Béroul, remonte à la deuxième moitié du XIIe siècle, on sait que la légende est connue bien avant, comme en témoignent les troubadours : Cercamon, dès avant 1150, dit avoir le cœur de Tristan ; Bernard de Ventadour, amoureux malheureux, dit souffrir plus que Tristan. Remontant certainement à des légendes orales, dans ce monde où la littérature passait par le verbe vivant avant de se poser sur le parchemin, l’histoire de Tristan et Iseult remonte soit à une tradition cornique, dans laquelle le nom du héros, latinisé et figurant encore sur une stèle, était Drustanus et celui du mari, Marc, signifiait « cheval », d’où les oreilles de cheval du roi dans le récit de Béroul, soit à une source écossaise, Tristan étant un roi Picte, du nom de Drust ou Drustan. L’histoire irlandaise de la Fuite de Diarmaid et de Grainne, qui daterait du IXe siècle, a pu jouer aussi un rôle. Il est donc très vraisemblable que le mythe de Tristan et Iseult a une origine celtique. Mais d’autres sources ont été combinées : des motifs folkloriques, largement attestés, se reconnaissent, comme le combat contre le dragon ou l’homme aux deux femmes (avec le mariage de Tristan et Iseult aux Blanches Mains, triste double d’Iseult la Blonde), tandis que la voile blanche ou noire évoque l’histoire antique de Thésée, que connaissaient bien les lettrés du Moyen Âge.
La genèse du mythe, jusqu’au XIIe siècle, reste mystérieuse car rares sont les traces écrites. De fait, c’est du XIIe siècle, au moment où l’ancien français commence à être employé en littérature (avant seul le latin était langue de culture), que datent les plus anciens témoignages conservés, avec le roman de Béroul, celui de Thomas, ou le Lai du Chèvrefeuille de Marie de France, qui raconte un bref épisode de la vie des amants. La version de Béroul n’est conservée que dans un fragment, incomplet, qui commence avec la scène du rendez-vous épié par Marc et se termine par la mort du félon Godoïne : il nous manque le philtre, il nous manque la mort des amants. Il est fréquent que les textes les plus anciens ne soient conservés que dans des fragments, mais il est frappant de constater que le Tristan de Béroul a failli disparaître. Et l’on a pu émettre l’hypothèse que l’histoire a choqué, a suscité des réticences, tout en fascinant, ce qui expliquerait une diffusion incertaine et incomplète. Il est possible aussi que la puissance de ce texte, qui place au cœur du récit les tourments du remords, qui met en scène des héros ambigus, avec Iseult qui joue avec les mots et avec Dieu lors du serment à double sens, explique que les manuscrits, trop souvent lus, trop souvent manipulés, aient disparu. Vers 1170-1175, Thomas reprend l’histoire et exalte l’idéal courtois et les choix amoureux. Le philtre n’a plus qu’un effet provisoire, il symbolise l’amour, mais n’en est plus la cause exclusive, magique et fatale. Reposant sur l’incompatibilité entre l’amour passion, l’amour courtois et la société féodale, plus discrète quant au problème religieux, cette version concurrença celle de Béroul. Un héros et deux Iseult, deux versions principales pour une même légende, des paroles à double entente (comme le serment de la reine) : la légende de Tristan est placée sous le sceau du double, du reflet incertain et du verbe ambigu, à l’image de ce héros, à cheval entre la Cornouailles anglaise qui l’a vu naître et la Petite Bretagne (tel était le nom médiéval) armoricaine où il meurt.
Tristan, légende bretonne ?
Oui, si l’on donne au nom Bretagne son sens ancien, qui englobe la Petite Bretagne et la Grande-Bretagne, les terres continentales et les terres insulaires : Tristan est né en Cornouailles anglaise, le roi Marc est roi de Cornouailles, et il tient sa cour à Tintagel. Oui aussi au sens moderne du nom Bretagne, puisque Tristan le Cornouaillais épouse Iseult aux Blanches Mains, la fille de Hoël, le roi de Petite Bretagne, de Bretagne armoricaine, et c’est en Bretagne qu’il meurt. La Bretagne se dédouble, petite et grande, tout comme il y a deux Iseult, l’une reine de Cornouailles et l’autre fille du roi de Petite Bretagne ; tout comme il y a aussi deux Tristan, l’un de Cornouailles, le héros de notre histoire, et l’autre, Tristan le Nain, né à la frontière de Petite Bretagne, qui est, chez Thomas, l’un des acteurs de la mort du héros. En effet, Tristan (le Grand Tristan, né en Grande-Bretagne) prend la défense de Tristan le Nain, à qui le félon Estout l’Orgueilleux, a enlevé son amie. Blessé dans le combat par une arme empoisonnée, Tristan (le Grand) meurt finalement. Au philtre magique répond le venin de l’arme mortelle ; Tristan le Nain a perdu sa dame, tout comme Tristan est séparé d’Iseult. Dans le combat contre le ravisseur, Estout l’Orgueilleux, Tristan le Nain meurt, Tristan (le Grand) est blessé mortellement. De ces doubles spéculaires, l’un est breton, l’autre cornouaillais. Tristan est dit « de Leonois » : les plus anciens textes situent cette région en Angleterre et ce serait (les érudits hésitent) le Lothian en Écosse ou la région de Carleon. Elle a cependant été confondue avec le pays de Léon en Bretagne française, d’autant plus facilement que le destin de Tristan se dénoue sur le Continent. Tristan, doublement breton, donc.
L’histoire des deux jeunes amants connaît un immense succès au Moyen Âge : on la représente sur de précieux coffrets en ivoire ; on en fait de longs romans aussi bien que des récits brefs, qui racontent par exemple comment Tristan devient fou ou se déguise en jongleur. Si Béroul et Thomas ont écrit au XIIe siècle, en vers (la littérature ne s’écrivait pas encore en prose à cette époque), le très long Roman de Tristan composé en prose par un auteur anonyme dans les années 1230-1250 connut de nombreuses versions et était encore copié au XVe siècle : ce récit, accordant moins d’importance aux amours des deux héros, insiste surtout sur Tristan comme héros chevaleresque et preux compagnon de la Table Ronde du roi Arthur. C’est cette version qui eut les honneurs des premières impressions au XVIe siècle et qui assura pour plusieurs siècle le souvenir de vaillant Tristan.
Le succès fut européen, Tristan fait partie de ces mythes qui ont contribué à la fois à l’émergence des littératures en langues « nationales » (à une époque où la culture s’écrivait partout et uniformément en latin) et à la constitution d’une culture et d’un imaginaire communs. Si la légende arthurienne et la légende tristanienne ont une origine qui plonge dans les traditions celtiques, en général insulaires, elles ont été acclimatées et diffusées largement en Europe. La version de Béroul fut traduite par Eilhart von Oberg, en moyen haut-allemand, vers 1170-1180 (et cette traduction, qui donne l’histoire complète, nous permet d’imaginer ce qu’était le texte français original, qui, rappelons-le, n’est conservé que très partiellement), puis par Gottfried de Strasbourg, qui reprend plutôt la version de Thomas (vers 1210) et par Heinrich von Freiberg (vers 1280). L’on conserve aussi dans l’aire germanique médiévale des textes anonymes, comme Tristan le Moine ou Tristrant und Isalde. Un auteur écossais a composé à la fin du XIIIe siècle un Sir Tristrem ; il existe dans le domaine ibérique un Tristan de Leonis, et un Tristan de Leonis el joven, tandis que dans divers dialectes italiens sont conservés les Tristano veneto, Tristano Panciatichiano et Tristano Riccardiano. En Scandinavie, au XIIIe siècle, dans l’entourage du roi Haako Haakonarson, qui joua un grand rôle dans la diffusion de la matière arthurienne dans le Nord, frère Robert adapte en 1226 le Tristan de Thomas dans sa Tristrams saga ok Ísöndar. N’oublions pas d’autre part qu’un manuscrit du XVIe siècle nous a conservé le texte d’un Tristan biélorusse, qui remonte à une version vénitienne du Tristan en prose. Le Moyen Âge n’a pas été un temps de repli : les hommes, les légendes et les manuscrits voyageaient beaucoup. Tristan est cornouaillais de naissance, breton (d’Armorique) d’adoption, mais il a aussi, et surtout au Moyen Âge, la nationalité européenne.
Tristan, aimer à mourir
Tristan est devenu le symbole de l’amour passion, de l’amour mortel. Destin de deux jeunes amants que la société sépare, dont la forêt sauvage abrite provisoirement la passion. Il semble aller de soi que leur histoire ait connu un succès mondial. Et pourtant, au Moyen Âge, ce n’était pas évident. Plusieurs légendes racontant les malheurs de jeunes amants séparés par leurs familles étaient bien connues. La poétesse Marie de France raconte, vers 1190, dans un lai (c’est-à-dire un bref poème narratif), l’histoire des Deux Amants, qui se passe en Normandie et non en Bretagne, à Pitres (aujourd’hui dans le département de l’Eure). Un père aimait sa fille d’un amour exclusif et, pour éviter qu’elle se marie, il avait institué une épreuve : seul pourrait l’épouser le jeune homme capable de la porter jusqu’au sommet d’une colline. Tous les prétendants échouèrent. Un jeune homme tomba amoureux de la fille du roi, qui s’éprit aussi de lui. Une parente de la demoiselle donna à l’amoureux un philtre qui lui donnerait la force d’accomplir l’exploit. Cependant porté par sa passion le jeune homme oublia de boire le philtre, puis refusa de céder à la demoiselle qui le suppliait de s’arrêter pour prendre la potion. Arrivé au sommet, il meurt, et la jeune fille, le prenant dans les bras et l’embrassant, s’éteint dans un souffle. Le philtre, répandu, rendit le sol fertile. On construisit un cercueil pour les deus enfanz. Depuis, dit le texte, la colline s’appelle le Mont des deux Amants et les Bretons ont composé un lai à partir de cette histoire. Voilà une histoire normande, racontée par les Bretons, et présentant des motifs très tristaniens, comme les jeunes amours contrariées par la famille, le philtre, la mort dans une étreinte, la métaphore végétale (sur les tombes de Tristan et Iseult poussent des plantes qui se rejoignent, symbolisant leur union au-delà de la mort ; la végétation est fertile sur la colline où meurent les deux jeunes amants de Pitres). Ce lai, qui s’appuie sur des légendes locales, normandes, qui ont été transmises jusqu’au début du XXe siècle, mettait en scène deux héros fort proches de Tristan et Iseult : ils n’auront pas autant de succès. Ce qui n’est pas le cas de Pyrame et Tisbé, l’autre couple concurrent. Pyrame et Tisbé sont deux héros des Métamorphoses d’Ovide. Ce texte d’un poète latin (43 avant J.-C., 18 après J.C.) était un best-seller au Moyen Âge. On en a conservé de nombreuses copies dans des manuscrits en latin, mais aussi dans des traductions en langue vernaculaire, en ancien français, plus accessibles pour un public de laïcs, qui, contrairement aux clercs, ne comprenaient pas la langue savante. Le récit latin a été adapté et commenté : ainsi il existe un texte, l’Ovide Moralisé, qui raconte les différentes métamorphoses qui ont intéressé le poète latin, et qui les commente, en leur donnant des interprétations morales, qui sont de pures inventions par rapport au texte original, mais qui témoignent de la façon dont les médiévaux s’appropriaient les fables païennes en leur donnant un sens chrétien. L’histoire de Pyrame et Tisbé fait partie des récits des Métamorphoses les plus connus au Moyen Âge.
L’histoire est simple, et avant Ovide, elle est mentionnée par le grammairien Hygin : Pyrame et Tisbé sont deux jeunes amoureux, que des rivalités familiales séparent. Communiquant par une fente dans un mur, ils se donnent rendez-vous près d’un mûrier. Tisbé arrive la première : un lion surgit, qui la fait fuir. Dans sa course, elle laisse tomber son voile, que le félin saisit dans sa gueule et souille de sang avant de l’abandonner par terre et de disparaître. Pyrame arrive, voit le tissu sanglant, s’imagine que Tisbé est morte et se suicide. Tisbé, revenue de sa frayeur, revient près du mûrier, trouve Pyrame mort et se tue à son tour. Le fruit du mûrier, jusqu’alors blanc, souillé de leur sang, est depuis de couleur rouge. La légende ovidienne, comme la plupart des récits des Métamorphoses a une valeur étiologique : elle explique l’origine d’un phénomène naturel, ici la couleur des mûres. Dans le récit en vers qui date du XIIe siècle et qui raconte en ancien français les amours tragiques de Pirame et Tisbé, le rapprochement avec Tristan et Iseult est flagrant : les deux amants meurent bouche à bouche, dans un souffle. Si Pyrame et Tisbé n’ont pas donné lieu à autant de reprises romanesques que Tristan et Iseult au Moyen Âge, ils étaient eux aussi très souvent cités en exemple quand il était question de passion amoureuse. Si dans le cas de Tristan et Iseult les textes sont réticents à évoquer le suicide, interdit aux Chrétiens, et suggèrent plutôt une ultime étreinte mortelle, un dernier baiser fatal, dans le cas de Pyrame et Tisbé, qui sont deux païens de Babylone, les auteurs ne rechignent pas à mentionner explicitement de la mort qu’ils se donnent : ils sont païens et échappent à la morale chrétienne. Ce qui serait scandaleux pour les amants de Cornouailles, ne l’est pas pour les deux jeunes Babyloniens. C’est pourquoi leur histoire réussit assez durablement à concurrencer celle de Tristan et Iseult.
Tristan, la fleur de la chevalerie
à la fin du Moyen Âge, si les jeunes amants cornouaillais sont toujours bien connus, c’est surtout Tristan comme modèle de chevalier parfait qui intéresse et jusqu’au XIXe siècle, la légende, sans être oubliée complètement, est en retrait : la mode sera à l’Antique et le roman, comme genre littéraire, n’est guère en vogue du XVIe au XVIIIe siècle. Les conditions ne sont pas réunies pour que le roman de Tristan et Iseult, support de la légende, enflamme les imaginaires. Et lorsque Shakespeare invente Roméo et Juliette en 1595, plus que les deux amants cornouaillais, ce sont Pyrame et Tisbé qui lui servent de modèles (à partir d’une nouvelle italienne traduite en anglais) et qu’il transpose à Vérone. Dans Le Songe d’une Nuit d’Été, à peu près à la même époque, il met d’ailleurs en scène sur le mode parodique l’histoire de Pyrame et Tisbé : plus que Tristan et Iseult, ce sont eux qui fascinent les imaginaires et stimulent l’invention du dramaturge.
Pourtant Pyrame et Tisbé, aujourd’hui, sont bien oubliés. On connaît Roméo et Juliette, on connaît Tristan et Iseult, mais les deux amants babyloniens ont été éclipsés. L’engouement pour Tristan et Iseult s’affirme en fait particulièrement au XIXe siècle, dans le sillage de la redécouverte romantique du Moyen Âge. Le philtre merveilleux, le tragique de la passion mortelle, séduisent alors un large public. D’abord en Angleterre (où la légende arthurienne a souvent eu une dimension patrimoniale), avec par exemple une édition dès 1816 par Walter Scott du Sir Tristrem médiéval, ou les adaptations d’Arnold (1852) ou Tennyson (1885), ou bien encore le poème épique de Swinburne Tristram of Lyonesse (1882). Cependant c’est surtout Wagner qui a contribué à l’extraordinaire promotion du mythe tristanien au XIXe siècle, avec la création en 1865 de Tristan und Isolde (la première parisienne est de 1899). Wagner a utilisé plusieurs sources allemandes, comme le roman de Gottfried de Strasbourg, mais aussi le Sir Tristem en moyen-anglais ou le Tristan de Béroul. Le rôle de Wagner ne saurait être sous-estimé, au point que Denis de Rougemont, dans son ouvrage L’amour et l’Occident qui eut un important retentissement (1939), fait de Tristan et Iseult revu par Wagner l’archétype de l’amour passion. C’est cependant le philologue Joseph Bédier qui fit découvrir la légende française à un public qui ne connaissait Tristan et Iseult que par l’intermédiaire de Wagner : il publie en 1900 son Tristan et Iseut dans lequel, en combinant divers témoins (essentiellement Béroul et Thomas, même si les versions étrangères, comme celle de Gottfried de Strasbourg, sont aussi mises à contribution) il reconstitue ce qu’il considère comme l’archétype de la légende. Cette belle œuvre, d’un poète philologue, est toujours très largement diffusée et c’est encore le plus souvent par son intermédiaire que le lecteur français découvre la légende des deux amants de Cornouailles, qui depuis Wagner, ne cesse de hanter les créateurs.
Les jeunes amants malheureux qui meurent se nomment Pyrame et Tisbé, Roméo et Juliette, Tristan et Iseult. Ils sont bretons, de Babylone ou de Vérone : le mythe se déploie, éternellement, à l’image de ces arbres qui poussent sur les tombes de Tristan et Iseult et qui se rejoignent, par-delà la mort, pour toujours.