Le Télégramme · 28 février 2008 · M/M (Paris)

Le Télégramme · 28 février 2008 · M/M (Paris)
"Ces affiches font regarder les choses autrement, elles ne laissent pas les gens tranquilles."
Presse régionale
Avant-papier
Isabelle Nivet
28 Feb 2008
Le Télégramme
Langue: Français
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Le Télégramme

28 février 2008 · Isabelle Nivet

À Lorient, depuis douze ans, certains collectionnent ces affiches, étudiées dans les écoles d'art en tant qu'oeuvres, et d'autres les rejettent, au motif d'être "illisibles". Éric Vigner, directeur du théâtre, à l'origine du choix de M/M, s'en explique : "Ces affiches font regarder les choses autrement, elles ne laissent pas les gens tranquilles. Doit-on toujours être dans la norme ? Aujourd'hui le public ne va pas voir un spectacle à cause d'une affiche, mais parce qu'il a lu la presse, vu des choses sur Internet, parlé avec des gens... Ces affiches'ne parlent pas de commerce, mais de création artistique. Je voulais que tous les collaborateurs du théâtre soient des artistes, et que le lieu soit relié nationalement et au delà. Ces affiches voyagent dans le monde entier".

Deux histoires qui se frottent

Les affiches de Michaël Amzalag et Mathias Augustyniak, graphistes parisiens, sont composées à deux niveaux, d'une manière ludique qui mérite d'être dévoilée, et qui encourage à les regarder de plus près. Chaque photo, prise par Mathias, est liée à son histoire personnelle, mais aussi en relation avec l'histoire racontée par la pièce. Ainsi, l'image de L'île flottante, dernière création d'Alfredo Arias, représen- te-t-elle la femme de Mathias, dans la cuisine d'une maison de vacances, et évoque les souvenirs, la cuisine, comme dans la pièce. "C'est une sensation qu'expriment ces photos. Dès que le texte de la pièce est disponible, M/M en fait la lecture puis nous rencontre. Nous n'intervenons à aucun stade, ils sont entièrement libres".
Par-dessus les photos, M/M racontent une deuxième histoire avec la typo, qui a une grande importance dans leur travail, à l'instar des grands graphistes comme Mucha ou plus tard Cassandre (Dubonnet). Chacune est différente et bourrée de petits détails invisibles de loin...

L'exception lorientaise

C'est ainsi que le Palais de Tokyo, musée d'art moderne de Paris, leur a consacré l'an dernier une rétrospective, Beaubourg cet hiver une exposition, et des journaux comme Libération ou l'International Herald Tribune de longs sujets. Découverts par Vigner sur une couverture du magazine Les Inrockuptibles, en 1996, alors inconnus, M/M réalisent depuis les graphismes de Vuitton, Calvin Klein, Balenciaga, Yamamoto ou Stella Mc Cartney, mais continuent à collaborer avec Lorient,"Ils n'avaient jamais travaillé avec un théâtre et ils ont eu un véritable coup de foudre pour la ville, qu'ils ont trouvé très libre, très ouverte..."