La découverte de la pièce · ARTHUR Nauzyciel
"Je n’aurais pas découvert cette pièce sans Marcel Bozonnet qui me propose de la créer à la Comédie-Française, salle Richelieu, ce qui marque enfin l’inscription au répertoire d’une œuvre de Thomas Bernhard. Au-delà du tollé historique qui a suivi la création à Vienne en 88, on découvre une pièce obsédante, faite de ressassements, de mystère, de rages et d’amours mêlées.
Dépassés par une douleur archaique, envahis par les mots, habités par les morts, les membres d’une famille sans lieux, sans place, jamais, tente de recoller les morceaux du choc avec la grande histoire.
Thomas Bernhard, que l’on a tant taxé de polémiste scandaleux propose en fait, pour accepter de vivre dans un monde en lambeaux qu’il semble exécrer, la force du rêve, de la musique, et donc de l’art. C’est une langue énergique, une construction admirable, qui témoigne d’un amour immense pour le théâtre et les acteurs. Objet de fascination, cette pièce de fantômes ou de morts-vivants est aussi probablement une œuvre testamentaire à bout de souffle, "le malade imaginaire" d’un artiste à la fois poète, romancier, peintre et musicien."