Note d'intention · Stéphanie Cohen · LES OISEAUX
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LES OISEAUX D'ARISTOPHANE · Stéphanie COHEN
Elvépidès et Pisthétairos, deux compères Athéniens, ont fui leur cité, rendue invivable par ses querelles intestines, son atmosphère de délation, sa boulimie de procès. Les voici loin de tout, à l'orée d'une forêt. Ils voudraient rencontrer la huppe, un homme métamorphosé en oiseau, qui pourrait être de bon conseil dans le choix d'un asile tranquille. Pisthétairos en leader persuasif et imaginatif, gagne vite la confiance de la huppe, et lance une idée géniale : que les oiseaux fondent entre terre et ciel, une vaste cité! Elle dominerait l'univers en affamant les dieux...
C'est une pièce de plein ciel qui invite notre imaginaire à s'affranchir des pesanteurs terrestres. L'action visible se déroule en un lieu où les chemins ne conduisent plus nulle part, une sorte de no man's land où la terre finit et où commence un espace illimité. L'action invisible, mais primordiale nous propulse dans les hauteurs où s'édifie la cité des oiseaux, Coucou-les-nuées, à mi-chemin entre notre plancher des vaches et le séjour des dieux olympiens. À cette altitude, on est fort éloigné de la terre des hommes, si méticuleusement arpentée, cloisonnée et cadastrée. De bout en bout, la comédie est menée tambour battant. Les scènes sont vives, les mots font mouche, les personnages foisonnent. Inventif, imprévu, Aristophane l'est constamment: de là vient que chez lui jamais on ne s'ennuie, jamais on ne s'arrête. La source ne tarit pas, des images chatoyantes, des associations d'idées originales, des néologismes spirituels, du cliquetis verbal qui charme nos oreilles.
J'ai travaillé à partir de deux traductions (dont une adaptation) du grec au français. Pour garder une "authenticité" relative à cette pièce qui date de février 414, j'ai choisi de restituer fidèlement certains termes ou noms propres aujourd'hui peu usités; ceux-ci, à première vue, peuvent paraître incompréhensibles mais au-delà de cette impression rébarbative, ils ont soit une consonnance poétique, soit une sonorité comique, ou même rythment le texte et lui confèrent un esprit ludique. Les Dieux, par exemple, que les Athéniens ne cessent d'implorer sont autant d'appuis à la parole que de symboles de la prise de pouvoir qui est l'enjeu de cette pièce. Ma volonté à été de gommer les explications inutiles au bénéfice du sens profond. Les Oiseaux sont prétexte à faire, pour Aristophane, une critique acide et triviale de la démocratie.