CONSTANTIN BRANCUSI
Benjamin Fondane
Texte original publié en 1929 Éditions Fata Morgana, 1995.
"Mais ne pensons jamais que l'intention de l'artiste est de faire de l'art; Brancusi, moins que personne, n'y pense. Je soutiens que Brancusi, profondément, n'a jamais voulu faire de l'art; il n'a voulu faire — la douane des États-Unis a vu juste — "que du métal d'une certaine consistance et d'un certain poids". Quel hommage public rendu à Brancusi par l'ignorance profonde ! et combien Apollinaire eût été content de voir ses poèmes passer pour du matériel du langage, des placards de publicité, que sais-je. Cela n'a d'égal que l'anecdote racontée par Picasso "d'un garagiste qui l'avait assigné en dommages-intérêts pour lui avoir sali un mur d'un dessin à sa manière".
Seulement ici, c'est un garagiste qui rend hommage à Picasso. Outre-Atlantique ce furent, pour Brancusi, des experts désignés exprès, des critiques d'art!"