Comme certains films italiens des années soixante, Débrayage est une comédie à sketches. Drôle et féroce. Dans une dizaine de courtes saynètes, trente-quatre personnages sont épinglés vivants sur l'échiquier de l'entreprise. Des monstres affreux, sales et méchants? Plutôt de pauvres coléoptères englués dans des situations de crise, de perte d'emploi, d'abandon. Si tu travailles plus, tu gagnes plus, c'est entendu! Mais si tu travailles moins ou pas du tout... La ritournelle tourne court. Mordant et ironique, l'auteur Rémi De Vos fustige les moeurs contemporaines de l'entreprise. Le cadre angoissé, la directrice des ressources humaines méprisante, les syndicalistes paumés et les ouvriers qui ferment leur gueule pour garder leur place. Loin d'un constat misérabiliste ou d'une seule analyse sociologique ou politique sur la dérive du monde moderne, le propos est vif, acéré et implacable. Rémy De Vos écrit en poète. Ses personnages en perdition crient une langue claire et débridée, pour se sauver.
«C'est une comédie. Ça fait rire. Ça doit. Pourtant le sujet est terrible. Ça fait rire quand même. Ça peut.»
RÉMI DE VOS