La photo de Marguerite Duras et Bénédicte Vigner · ÉRIC VIGNER
Il faudrait faire le commentaire de cette photo. Ce serait ça le programme. Cette photo a été prise le 8 octobre 1993 par Alain Fonteray, l'ami photographe, à Lambézellec un village de la banlieue brestoise.
Elle était venue en voiture avec Yann, Bénédicte et son ami Richard. Ils étaient arrivés à 20 h 59 pour la représentation de la première de La Pluie d'été, son livre, dans un ancien cinéma des années 50, "Le Stella".
Là, c'est après la représentàtion. Ce n'est pas l'histoire de cette photo qui importe, seulement ce que l'on voit. C'est une affaire de femmes, comme souvent avec Duras, comme avec Savannah. C'est ce qui se passe dans la photo quand on oublie Marguerite Duras et cette jeune femme ou les deux. C'est ce qui ne se voit pas, d'une certaine façon ce que l'on sent. Cette éternité de la connaissance commune et éciproque, cette franchise, ce don.
Voilà pourquoi il fallait cette image. Ce n'est pas une image qui empêche de voir mais une image qui permet d'entendre, à mon sens. Selon moi, elle est Savannah Bay comme Savannah Bay est toute l'histoire de l'oeuvre de Marguerite et de sa vie. Il n'y a pas d'explication raisonnable à ça. Seulement le sentiment de cela.
Le dernier mot de Savannah Bay, c'est la mer. Au départ ce spectacle devait être créé au bord de la mer à Lorient en Bretagne Sud. Toutes les images que l'on perçoit aussi dans le spectacle sont des images intimes.
Savannah Bay est une oeuvre — la nôtre, la vôtre — qui ne révèle pas le secret mais qui le cache pour paraphraser Guibert dans Le Mausolée des amants.