"Veuillez nous excuser pour cette interruption momentanée de l'image" · M/M (Paris) · ANTIGONA

"Veuillez nous excuser pour cette interruption momentanée de l'image" · M/M (Paris) · ANTIGONA
"Veuillez nous excuser pour cette interruption momentanée de l'image"
Propos
M/M (Paris)
Mär 2004
Langue: Français
Tous droits réservés

« VEUILLEZ NOUS EXCUSER POUR CETTE INTERRUPTION MOMENTANÉE DE L'IMAGE »

M/M (Paris)

Mars 2004

Interpréter une image, c'est mettre en abîme celle-ci jusqu'à l'épuisement scintillant. C'est-à-dire jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un point de fuite, ou plutôt un point lumineux, placé à l'infini, en symétrie inversée par rapport à la tache aveugle qui se trouve dans chacun de nos yeux. Entre ces points existe un passage raccourci entre l'infiniment loin, l'idéologique — où tout reste à voir —, et l'infiniment intime, le psychologique — où rien ne peut jamais être vu.

À la façon d'une partition, une image peut être interprétée indéfiniment: elle est le réceptacle impeccable de toute projection psychologique, c'est «le spectateur qui fait l'image».

Une bonne image doit donc offrir assez de résistance pour accéder à la persistance rétinienne. Elle ne peut être structurée en strates ou couches, à la manière des matériaux modernes, car trop friable.
Elle doit, au contraire, proposer une structure complexe, faite de conglomérats broyés lentement, de façon à ce que chacun de ses ingrédients soit accroché solidement aux autres. Cette architecture interne, c'est le langage de l'image.

Ici l'histoire est simple et déjà maintes fois répétée. Elle fait partie de ces histoires dont on entend encore le son, mais qui ne laisse plus échapper son sens qu'à travers sa mélodie. Pour ancrer cette histoire dans l'espace de l'Opéra de Montpellier et dans le temps présent, nous avons choisi de transplanter le réel, de lui donner un autre point d'origine.

Après un événement dont la nature reste encore à déterminer, seuls subsistent autour de nous «signes, icônes et symboles ». Vidé de leur substance, le langage qu'ils constituaient s'est désintégré, c'est un «empire des signes» en noir et blanc, hautement résistant car très contrasté.

Est-ce la fin de l'histoire? Les images ont-elles une mémoire ? À cette dernière question, nous aimons répondre oui. Ce n'est ni une vision catastrophique ni prophétique. C'est juste une invitation lancée aux musiciens, aux chanteurs, aux acteurs, au chef d'orchestre et au metteur en scène à peupler, habiter ce décor en abîme.

Dans ce terrain de jeu sophistiqué avec ses propres règles, sur le fil d'une partition et d'une histoire rejouées à l'infini, se construiront alors de nouvelles et surprenantes propositions de vie, propres à ce lieu hors du monde, qui permettront peut-être d'appréhender différemment le monde hors de ce lieu.